Description géographique de la Guyane

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DE LA GUIANE. II. ΡART.

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pendant trois femaines, à trois fois différentes, ou jufqu' a ce qu'enfin l'eau ne fe charge plus d'aucune teinture. On fait bouillir la premiere ôc la feconde eau, ou infufion, pour avoir du Roucou. La troifieme eau eft très pâle, & ne fert qu'à faire de l'eau rouge , comme on dit dans le Pays , c'eft-à-dire, qu'elle n'eft propre qu'à y faire tremper de nouvelle graine. Les habitans de Cayenne, avant de livrer aux Marchands leur Roucou, ont coutume de le faire piler, pour lui redonner un œil rouge , & ils le mettent en groffes maffes de vingt-cinq livres pefant. Il eft aujourd'hui de meilleure défaite lorfqu'il eft en petits pains de deux ou trois livres chacun, qu'on enveloppe avec des feuilles de Bananier ou de Baracon. Le Roucou eft, pour ainfi dire , le foutien de la Colonie ; il vaut vingt fols la livre ; il eft d'un grand fecours pour la teinture, où il fert à faire le jaune, le rouge & autres couleurs. On a vu ci-devant l'ufage que les Sauvages de la Guyane en font pour leur parure. L'Indigo. Après le Roucou, la marchandife fur laquelle il y avoit autrefois beaucoup à gagner, étoit l'Indigo , qu'on cultive encore aujourd'hui en quelques endroits de la Colonie , mais en très petite quantité. La maniere la plus ordinaire de le faire, eft prefque la même que celle qu'on pratique à S. Domingue : on fe regle cependant à Cayenne différemment pour la culture, à caufe des pluies continuelles pendant les trois quarts de l'année.


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