Description géographique de la Guyane

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GUIAΝΕ. II. ΡART. 209 on a foin de placer les folles plus au large. On eft fort attentif à couper avec une hache l'cfpece de corne ou de défenfe que ce poiffon a au bout du mufeau, avant de le mettre dans le canot, fur-tout quand il eft fort gros, de peur qu'il ne bleffe, ou qu'il ne tue quelqu'un. A l'égard de la groffeur de l'Efpadon , on en prend qui ont depuis deux jufqu'à trente pieds de long. La chair n'en eft pas bonne ; il n'y a que les Négres & les Indiens qui en mangent. Il n'y a que le foie qui foit de quelqu'utilité, à caufe de la grande quantité d'huile qu'on en tire, & qui fert à brûler dans les Sucreries. Le Lamentin fe tient toujours dans les Rivieres, Le Lamentin. tant pour éviter le Requin, qui en eft fort friand, & qui lui enleve de gros lambeaux, quand il peut l'attraper , que pour paître à fon aife des feuilles de Palétuvier blanc , qui eft un arbre très commun fur les bords des Rivieres. Les mois de Juillet & Août font les mois auxquels on a coutume de faire cette forte de pêche. Trois ou quatre Indiens fe mettent dans un canot, ils pagayent, comme l'on parle dans le Pays, ou ils rament très doucement ; & on ne parle que par lignes, à caufe que ce poiffpn décampe au moindre bruit qu'il entend. On va à l'endroit où l'on connoît que le Lamentin a brouté ; dès qu'on l'apperçoit on fe laifle dériver fur lui, & on lui lance en même tems l'harpon, dans l'endroit où on peut l'attraper , on laifle filer la ligne, qui eft grofle comme le petit doigt, fur trente ou quarante brafles de long, afin de lui laiffer jetter fon feu, comme parlent les Traiteurs. On a foin d'attacher au bout de la ligne Dd DE LA


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