Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

un plus étroit ; car nos hamacs se touchoient absolument tous. A cette première incommodité se réunissoit celle de ne pouvoir nous tenir debout dans cette espèce de cachot, et de ne recevoir d'air que par une écoutille de deux pieds carrés qui nous servoit tout à la fois de fenêtre et de porte : nous étions obligés d'y grimper à l'aide d'une corde et d'un poteau auquel étoient pratiquées des entailles pour recevoir nos pieds. Quel escalier pour des vieillards malades ou infirmes ! Que de chutes , que de meurtrissures , dont plusieurs ont été dangereuses ! Aussitôt après notre installation, qui se termina vers les quatre heures du matin , le 22 septembre , la corvette mit à la voile ; le vent étoit peu favorable : il devint tout-à-fait contraire ; la mer grossit ; il fallut suspendre le départ. A huit heures la cloche sonne le déjeuner. Notre écoutille s'ouvre... Nous respirons !.. La chaleur et l'odeur étoient de vennes insupportables. On nous apporte nos rations , les mêmes que celles des matelots , un morceau de fromage, un demi-setier de vin et un biscuit pour chacun. Pichegru, dont la fermeté n'avoit pas fléchi une minute, sourit à cette distribution mord dans un biscuit, et y laisse une dent. Pour éviter le même accident, nous mettons nos biscuits tremper dans de l'eau ; mais la couleur et l'odeur sont repoussantes : le moisi, les vers et les araignées ôtés, chaque biscuit est réduit au tiers, et ce tiers conserve un goût


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