Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

D e quel poids nous sommes soulages ! Nous retrouvons , nous serrons dans nos bras nos deux compagnons. Le capitaine, affectant un air sévère, nous avoit aidés lui-même à monter dans le vaisseau , en nous serrant la main de manière à ne pouvoir pas prendre le change sur ses véritables sentimens. Nos camarades arrivent successivement , et eu deux heures nous nous trouvons tous réunis. La défense à l'équipage de communiquer avec les déportés, sous quelque prétexte que ce soit est affichée à l'entrée du local qu'on nous avoit préparé dans l'entrepont ; tout eu un mot offre l'aspect de la plus grande rigueur. Mais le commandant est là; sa rage nous poursuit jusques dans notre dernière prison : il observe tout ; l'empressement qu'on met à nous donner des alimens , à préparer nos hamacs, lui rend suspect le capitaine (1) ; il adoucira notre situation : cette idée tourmente le sbire ; il faut écarter un tel homme; son changement est arrêté. Vainement M. Julien prit le masque d'un méchant homme : sou cœur le trahit. Ses regrets en quittant le vaisseau égalèrent les nôtres. M. Julien fut remplacé par le capitaine Laporte, que

(i) Ramel dit dans son journal, que Willot, Pichegru , Dossonville et lui, furent mis dans la Joxse aux lions : je doi à ta vérité et à la reconuoissaiice de démentir un acte de ri» goeur auquel le capitaine Julien ne se set oit cet tainement pas piété Nous n'avons jamais été séparé» ni traités plus mal les uns que les autres. s


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