Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

faisoit les fonctions de secrétaire, et avoit été l'un des plus ardens amis du fameux Babœuf', le Marat de 1796. Le plus profond mystère enveloppoit toujours le lieu de notre destination : nous n'avions entendu parler de Rochefort que d'une manière vague. Privés de toute relation avec nos familles , nous ne pouvions en obtenir aucune lumière sur le sort qui nous attendoit : la révision que nous venions de subir nous sembloit de très-mauvais augure : nous devions tout craindre de l'homme qui exerçoit les fonctions de commissaire à Niort : c'est dans cette perplexité que nous y arrivâmes, et partie de nos craintes fut bientôt justifiée. On nous jeta dans la basse-fosse de la forteresse , dont l'humidité nous incommoda tous plus ou moins. L'officier municipal, infiniment peiné de la corvée dont il étoit chargé auprès de nous , cherchoit tous les moyens de nous en dédommager. Les papiers publics qui nous avoient été constamment refusés depuis notre arrestation , lui parurent devoir exciter notre curiosité : il nous promit de nous les procurer , et il ne pouvoit pas en effet, dans la profonde ignorance où nous étions de tout ce qui s'étoit passé depuis dix jours , nous offrir quelque chose de plus intéressant. Mais le prévoyant commissaire y mit ordre : toute espèce de communication avec nous fut interdite sous les peines les plus graves , surtout au bon municipal dont sans doute il devina ou apprit les excellentes intentions. Il fallut donc le lendemain 20 septembre, nous re-


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