Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

et lui demande s'il a besoin de quelque chose. J e voudrais bien un peu d'eaufraîche, répond M. du Coudrai: il s'empresse de nous en apporter à tous, et offre son lit au pauvre malade, trop heureux de trouver plus d'humanité dans l'ame d'un criminel , que dans celles des suppôts du Directoire. Ils ne nous furent pas plus favorables à Poitiers , où l'on ne nous traita guère mieux , malgré l'intérêt que nous témoiguèrent quelques hommes honnêtes. Le 17 septembre , nous arrivâmes à Lusignan où le maire et le commandant de la garde nationale que le Directoire n'avoit pas encore eu le temps de changer, trouvèrent impossibilité absolue à nous mettre dans la prison. Ils désignèrent une auberge et offrirent de répondre de nous. Dutertre fut obligé de céder à d'aussi pressantes observations : on nous installa dans une auberge , où un bon repas et des lits réparèrent un peu nos forces fort affoiblies par nos souffrances et nos misérables gîtes, depuis Sainte-Maure. Un rayon d'espérance vint augmenter le charme de ce meilleur traitement. Au moment où notre souper finissoit, arriva un courrier : chacun forma ses conjectures ; ceux qui ne pouvoient pas croire à toute l'injustice et la rigueur du sort qu'on leur préparoit, voyoient déjà leur rappel. Les plus incrédules eux-mêmes croyoient au moins à quelque modification. L'illusion ne fut que de quelques heures : nous apprîmes que le courrier n'étoit porteur que d'un ordre de faire arrêter et conduire à Paris de brigade en brigade le général Dutertre qui s'étoit, disoit-on , permis sur toute sa roule de puiser dans les


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