Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX­HUIT FRUCTIDOR.

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adoucir notre sort; une maison saine et commode, de bons alimens, de bons lits furent le fruit de ses soins. Le zèle, l'intérêt qu'elle y mit augmentèrent encore le prix de services aussi essentiels dans le pitoyable état où nous nous trouvions. La garde partageoit cette bienveillance ; nous pou­ vions aller jusqu'à la chaussée sans être même observés, et de la chaussée à la forêt la dislance étoit très­courte. Cette proximité donna à Ramel l'idée d'en profiter ; il nous en parla ; mais n'eussions ­ nous pas connu les dispositions négatives de plusieurs de nos compa­ gnons, que la seule pensée d'abuser de la confiance de ces braves gens, et de les exposer à toute la fureur du Directoire, nous auroit fait rejeter la proposition; nous nous bornâmes donc à jouir des avantages que nous te­ nions de leur h umanité, et ils ne furent pas de longue durée : car Dutertre s'aperçut bientôt des facilités qu'ils nous donnoient, et y mit sévèrement ordre. Quelle différence à Ch âtellerault, où. l'on nous­ traîna le lendemain par des ch emins si mauvais que plusieurs de nous n'auroient jamais pu supporter les cahots , s'ils n'eussent enfin obtenu la permission de marcher entre quatre cavaliers ! O n parut vouloir nous punir des bons traitemens que nous avions trouvés la veille. Un cach ot infecte devient encore notre logement : la fétidité est telle qu'on est forcé de le laisser ouvert, et de remplacer les verroux pat des factionnaires. M. Tronçon du Coudray, souffrant, étoit étendu sur un peu de mauvaise paille : un prisonnier qui depuis trois ans subissoit la peine des fers, l'aperçoit, s'approch e


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