Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

A neuf heures nous prîmes la route de Tours : nous y arrivâmes à quatre heures, Les autorités de celte ville venoient de subir une épuration. Nous ne tardâmes pas de nous en apercevoir : ou nous mit à la Conciergerie, occupée par les galériens. Confondus avec eux dans la cour des cachots,nous demandâmes en vain un local particulier.... Voilà votre appartement, nous dit ironiquement un brûlai geôlier en nous désignant un petit cachot très-humide , et il se retira. Les galériens montrèrent plus de pudeur que les nouveaux magistrats de Tours. Ils se tinrent à l'écart pour nous laisser la cour libre ; et l'un d'eux nous dit : Comme on vous traite, Messieurs ! nous ne sommes pas dignes de nous trouver avec vous : cependant si dans cette affreuse situation nous pouvons vous rendre quelques services, ne les refusez pas. Le cachot qu'on vous destine est le plusfroid, le plus petit; nous vous prions de prendre le nôtre qui est moins malsain. Nous acceptons l'échange dont ces malheureux refusent le prix, et par respect ils cessent de nous approcher. Notre repas fut analogue à notre logement. Le lendemain 28 ( 14 septembre) nous quittâmes cet affreux séjour pour nous rendre à Sainte-Maure, où nous fûmes un peu dédommagés d'un aussi indigne traitement. Dutertre ayant trouvé dans cette petite ville une colonne mobile de la garde nationale composée de paysans , en profita pour donner quelque repos à sa troupe vraiment excédée de fatigue. Il la chargea de nous garder sous la responsabilité de la municipalité , qui heureusement n'avoit pas encore été épurée. Elle ne négligea rien pour


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