Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

change de quelques courtoisies à la 93, on lui recommanda d'avoir bien soin de ces Messieurs. Quelques frères et amis, membres du prétendu Conseil des CinqCents en permanence à l'Odéon, ne purent résister au plaisir de contempler leur ouvrage ; ils se mêlèrent aux chasseurs de l'escorte , trinquèrent avec eux , et nous portèrent d'ironiques santés. Le convoi se mit en marche, et nous arrivâmes enfin à la barrière d'Enfer. Ce fut là seulement que nous eûmes la certitude qu'on ne nous couduisoit pas à la plaine de Grenelle, dont le nom avoit cent fois frappé nos oreilles. Nous primes la route d'Orléans : mais si nous échappâmes à la fusillade , de quelles inquiétudes ne fûmes-nous pas dévorés ? Où et comment se terminera la course que nous commençons ? Quelles seront nos ressources ? Aucun de nous n'en a de suffisantes, même pour un voyage de quinze jours, et plusieurs parlent avec les seuls vêtemens qui lescouvreut (1). Nous nous représentons nos parens, nos amis que nous a vous laissés hier dans le calme de l'espérance, arriver au Temple , nous y chercher, et apprendre notre subite disparition. Celle nouvelle accabla l'épouse de l'un de nous qui étoit allé chez R. à sept heures du matin pour lui demander un susis au deja et de son mari, jusqu'à ce que sa santé lui permît d'entreprendre un aussi pénible voyage. R. qui avoit signe l'ordre de départ, qui avoit joui de son triomphe a moment où notre convoi s'étoit arrêté sons ses croisées, affecte de montrer les dispositions les plus favo(1)l e général Pichegru étoit de ce nombre.


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