Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

Page 69

DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

319

un grand attirail militaire. Une voix prononce assez haut celte phrase terrible : Qu'on se dépêche; ilfaut que l'expédition soit finie avant le jour. Comment nous d é fendre des plus sinistres pensées ? Tout nous présente l'image de la mort : nous nous préparons à ses coups , lorsque le lugubre silence qui régnoit dans notre prison est rompu par des propos menaçans et le bruit des verroux qui s'ouvrent de nouveau. Nous voyons entrer le même homme qui nous avoit passés en revue quelques heures auparavant. Levez-vous promptement, nous dit-il du ton le plus insolent, et descendez tous a la geole.... Remonterons-nous, demande Bourdon, ou est-il nécessaire d'emporter le peu d'effets que nous avons ?.... Non , non, réplique vivement le sbirre, vous rien aurez plus besoin.... Allons, du courage, mes amis, du courage, dit le général Willot ; nos maux vont finir, et bientôt commenceront ceux de nos assassins.... Nous nous embrassons tous, et nous suivons à demi-nus le porteur du fatal ordre. Entrés à la geole, nous y trouvons MM. de la Villeurnois , Brothicr et Barthélémy. Ce dernier venoit d'être amené par le ministre S. qui, dans le trajet, lui disoit pour le rassurer : Voilà ce que c'est qu'une révolution; nous triomphons aujourd'hui, demain peut-être sera-ce votre tour ? — N'est-il arrivé aucun malheur ! La tranquillité publique n'a-t-elle point été troublée, lui demanda l'excellent directeur. — Non, du tout; la dose étoit cependantforte; mais elle a bien pris, et le peuple a avalé la pillule. M. Barthélémy avoit été arrêté la nuit du 17 au 18,


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.