Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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de se voir frappés de la même peine et pour le même délit, s'y trouvent entassés. Semblable délire préside à celle des députés dont les élections doivent être cassées ; les choix de quarante-neuf départemens sont annulés , et c'est à ce Corps législatif mutilé , qu'est attribué le droit de sanctionner cette œuvre d'iniquité et d'absurdité. Pendant que nos principaux bourreaux préparoient ainsi notre dernier supplice , leurs valets préludoient par toutes les tortures qui étoient en leur pouvoir : qu'on les mette , dit l'un d'eux à notre arrivée, dans la chambre du tyran, puisqu'ils servoient si bien safamille : ils rien sortiront que comme lui pour subir la peine de leur crime.

Nous fûmes en effet placés dans la prison où avoient si long-temps gémi les augustes victimes de nos ennemis (I). Quelle circonstance, quel rapprochement pour deux des détenus ! Bourdon (de l'Oise) frémit en entrant dans la chambre funèbre. Rovère leva les yeux au Ciel , se frappa le front et se retira avec effroi dans le coin le plus obscur. Nos yeux humides se portèrent sur les murs qui offroient plusieurs phrases tracées au crayon. Voici celles qui nous frappèrent le plus. O mon Dieu ! pardonnez à ceux qui ontfait mourir mes parens.

(I) Nous occupâmes la chambre du Roi, et les membres du Conseil des Anciens, celle de la Reine. Nous ne pouvions communiquer qu'au moment où il nous étoit permis de descendre dans la cour.


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