Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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tôt que nous fûmes arrêtés. Même émulation d'atrocité entre les assassins : un d'eux cependant laissa échapper le mot de jugement. L'assemble'e entière s'insurgea contre l'imprudent conseiller : Veux-tu

donc

nous perdre , s'écria T.... ? Ou trouver des preuves et des juges. D'accusés ils deviendroient bientôt accusateurs : l'esprit public est trop mauvais pour courir une chance aussi périlleuse. La force est pour nous dans ce moment, profitons-en pour anéantir d'aussi redoutables ennemis des patriotes. Ces observations étoicnt trop conformes à l'intérêt des factieux , pour n'être pas universellement goûtées : le génie de M. ne resta pas en défaut dans une circonstance si digne de l'exercer. Vous ne voulez point, dit-il, citoyens, de haute-cour nationale (1) , et vous avez raison. Les dangers de la patrie repoussent desformes aussi lentes , des résultats aussi incertains. Le supplice immédiat des coupables seroit sans doute bien mérité et plus sûr : mais il fourniroit a nos ennemis le prétexte de nous accuser d'imiter Robespierre ; et d'ailleurs Paris, je dirois presque la France , est si royalisée qu'une telle mesure pourroit tourner contre nous-mêmes. Prenons doncunevoie qui nous conduise au même but, à la mort des coupables', sans nous exposer à l'odieux qu'entraîneroit

l'effusion

du sang. La déportation à la Guyane me semble devoir remplir ce double objet. Si le robuste Collot-d'Herbois

(1) D'après la constitution, les députés nepouvoient être mis en accusation que par un décret des Conseils, et jugés par un tribunal extraordinaire, nommé haute-cour nationale. 20


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