Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

sans doute : ils dévoient donc vous traiter en ennemis, et s'ils ne vous ont pas signalés dès le principe, et placés sur la même ligne que ceux qu'ils désespéroient d'abuser, ce n'étoit que pour vous détacher, par une fallacieuse exception, du parti qu'ils redoutoient, et se fortifier de votre foiblesse. Le dénouement tragique de ces hypocrites ménagemens vous a convaincus de cette vérité à laquelle vous avez si opiniâtrément fermé l'oreille. Ainsi l'énergie nécessaire à la majorité se concentra dans une très-petite minorité , à la tête de laquelle se faisoient remarquer les généraux Pichegru et Willot, et cette minorité auroit vraisemblablement eu la gloire et le bonheur de mettre enfin un terme aux malheurs de la France, sans un léger incident. Quoiqu'abandonnée à elle-même , elle ne s'occupa qu'avec plus d'ardeur des moyens de salut. Ses vues se dirigèrent principalement vers les troupes qui se trouvoient à Paris : elle se ménagea des intelligences avec les officiers , et trouva dans la cavalerie spécialement des dispositions très-rassurantes. La jeunesse et la garde nationale de Paris n'attendoient que le signal pour renverser le despotisme des mitrailleurs des sections. Beaucoup de royalistes de l'Ouest, désignés alors sous le nom de Chouans , s'étoient rendus à Paris en auxiliaires (1) ; une partie de l'armée étoit prête à venir à (1) A leur tête se trouvoient le prince de la Tremouille ; MM. de Frotté, de Bourimon , de Pillechody , d'Autichamp , la Rochejaquelin, de Rivière, de Polignac, de Puivert, etc. Quel renfort presentoient des noms aussi honorables, des chefs auss valeureux !


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