Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

activité : plus ils voyoient se multiplier les efforts des députés fidèles et énergiques , plus ils sentoient la nécessité d'accélérer leur attentat. L e bandeau des incrédules ponvoit tomber ; tant de mains essayoient de l'arracher ! Alors le monstrueux échafaudage de leur conspiration crouloit, et les écrasoit sous ses débris. Au milieu de toutes ces trames, dont je tenois les fils, je provoquois tous les jours des réunions , j'y produisois les preuves les plus évidentes de l'attaque qui se préparoit, et tous les jours on devenoit plus froid, plus indifférent. L e grand argument des raisonneurs étoit celui-ci : « Si le Directoire viole la constitution au » point de porter atteinte à la liberté des législa» teurs, il détruit sa propre existence politique , il se .» perd lui-même : ce seroit un véritable acte de délire ; » nos gouvernans tiennent trop à l'autorité pour la » compromettre aussi évidemment. » E t parmi ces raisonneurs se trouvoient des vétérans de la révolution ! Pouvoient- ils cependant avoir oublié qu'à toutes les crises révolutionnaires, les factieux ne s'étoient jamais occupés du lendemain ; que s'ils voyoient ou croyoient voir quelques dangers les menacer , ils ne s'attachoient qu'aux moyens de les écarter ; qu'aucune violation , aucun crime ne leur coûtoient pour y parvenir ; que tout, en un mot, étoit sacrifié à leur sûreté actuelle , sauf à recourir ensuite à de nouveaux forfaits pour conjurer les nouveaux orages auxquels leur audace avoit pu les exposer. Ce calcul étoit encore celui des conspirateurs. Rien ne leur paroissoit plus funeste pour eux que le complément du corps législatif en hommes animés de


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