Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

veulent attaquer, ils l'environnent sans bruit et fout pleuvoir sur les toits une grêle de flèches au bout desquelles est une matière combustible allumée : ces toits, formés de feuilles très-sèches, s'enflamment en un clind'œil, et l'incendie force les habitans à sortir de leurs cases avec précipitation et sans armes. C'est alors que se déploie la bravoure des assaillans; ils tombent sur ces malheureux, tuent ceux qui veulent résister, garrottent les autres et les emmènent prisonniers. Autrefois ils n'en épargnoient aucun ; mais depuis qu'ils ont des rapports avec les Européens, ils aiment mieux faire des prisonniers dans l'espoir de les leur vendre : quelques peuplades ont conservé leur ancienne et atroce coutume de manger les ennemis tués-dans le combat, et leurs prisonniers; mais ce sont les plus enfoncées dans les forêts. Si la nation attaquée n'a fait qu'une foible perte, les assaillans doivent s'attendre à une cruelle represaille : car ces peuples sont très-vindicatifs. Mais si le carnage a été tel que toute vengeance devienne impossible, ceux qui ont survécu envoient leurs vieillards les plus respectables faire des propositions de paix : elles sont reçues favorablement, et la paix est jurée jusqu'à un nouveau prétexte de la rompre. Cet acharnement à s'entre-détruire est une des principales causes qui s'opposent à l'accroissement de leur population : une autre non moins active et journalière est le tétanos auquel sont sujets les enfans: il en est peu que cette maladie convulsive n'attaque dans les neuf premiers jours de leur naissance, et le plus grand nombre y


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