Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

du système de déception suivi par ce directeur. Carnot n'ignoroit pas la conspiration formée contre le corps législatif; il est même impossible qu'il y soit resté totalement étranger, puisqu'il étoit président, et par conséquent le premier moteur du Directoire dans les momens où ses tramess'ourdissoient avec le plus d'activité. Mais Carnot croyoitque la conspiration n'atteindroit que ceux qu'on pourroit raisonnablement taxer de royalisme, et qu'on ne porteroit jamais la dérision jusqu'à classer parmi eux, sans les preuves les plus évidentes, un régicide et un membre du trop fameux comité de salut public. Enfin devoit-il voir avec beaucoup de douleur disparoître des hommes qu'il ne chérissoit guère plus, et ne craignoit guère moins que ses collègues ? Tout porte à penser que Carnot se croyoit entièrement dans le secret des factieux,assez adroits pour lui cacher le parti qu'ils vouloient tirer de leur attentat contre leurs ennemis personnels, et qu'il étoit parfaitement entretenu dans le nôtre par ses affidés qui , d'après ses conseils, paralysoient toutes nos mesures préservatives, auxquelles il s'efforcoit de donner les couleurs de l'imprudence. Nous avons dit que la mise en état d'accusation des triumvirs étoit la mesure préférable sous tous les rapports. Elle fut discutée et rejetée dans notre réunion , où l'on appréhendoit toujours que de liantes et énergiques mesures n'effrayassent, les-nombreux députés timides , et ne les éloignassent de nous. Cependant les partisans de ce moyen conservèrent l'espoir d'y ramener les opposans, s'ils reussissoient à faire


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