Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

sure, quelque naturelle, quelque juste qu'elle fût. 11 fallut se borner à demander la création d'une commission chargée d'examiner toutes les circonstances du délit que je dénonçais. L'esprit qui dicta celte molle décision dirigea celle de la commission ; le système de la temporisation y prévalut, et cette commission , de laquelle l'Etat attendoit son salut , détermina sa perte. Elle produisit au Conseil des Cinq-Cents une harangue qui ne justifia guère le surnom de barre de fer donné à celui qui la prononça ( 1 ) , et au Conseil des Anciens une oraison cicéronienne plus remarquable par le talent que par l'énergie. Les conclusions de l'une et de l'autre se réduisirent à des paroles de paix , et à une indulgence qui , donnant la mesure de notre foiblessc , nous couvrit de ridicule , et jeta partout le découragement. Elle étoit d'autant plus intempestive que les principaux exécuteurs des ordres du Directoire niontroient une vive inquiétude , et que le général Hoche lui-même venoit de faire auprès de moi une démarche dont onauroitpu tirer le plus grand parti (2). Aussi se garda-t-on bien de lui confier la seconde expédition. A celte faute majeure succédèrent des inconvenances presqu'aussi funestes à la cause que nous soutenions : on exigea des inspecteurs de la salle une démarche con(1) Tliibaudeau , ainsi surnommé parce qu'il avoit déployé quelque énergie à une époque où il voyoit le poignard de R o bespierre prêt à l'atteindre. (2) Il m'aYoit fait prier de lui ménager une conférence avec le général Pichegru ; mais il s'en défendit dès qu'il crut le danger dissipé.


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