Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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son corps glorieux. Avant de mourir prions pour nos persécuteurs , et que nos prières s'élèvent jusqu'à Dieu. » » Dom Louis cessa de parler : je récitois près de lui les prières des agonisans ; mais bientôt sa main glacée se roidit dans la mienne, il expira entre mes bras. » Chaque jour de nouveaux malheurs viennent nous affliger ; une victime est suivie d'une autre victime : depuis long-temps nous ne pleurons plus , la douleura tari la source de nos larmes. Celui que , dans trois jours , demain peut-être , la mort va frapper , creuse aujourd'hui avec délice cette terre qui doit se refermer sur lui. Un tombeau est le terme des désirs, et l'infortuné qui se voit prêt à y descendre, ne verse des pleurs que sur ceux qui lui survivent. Le cimetière où reposent nos amis , est le lieu où sans cesse nous dirigeons nos pas... C'est là que nous nous réunissons, et que nous aimons à choisir la demeure où nous espérons trouver le repos : l'ami marque sa place auprès de son ami; étendu sur sa tombe, il voudroit ne s'en plus séparer ; celte fosse qu'il creusa de ses mains, et qui n'attend plus que sa dépouille mortelle, devient son espérance ; cinq ou six jours à donner encore à la vie,. lui semblent une trop longue route à parcourir. » Hier, un prêtre du Brabant, qui depuis plusieurs jours ne paroissoit point aux appels, fut trouvé dans une forêt voisine, à demi dévoré par les bêtes féroces ; il y avoit succombé d'inanition... Ses mains étaient jointes, et sur ses lèvres inanimées reposoit le signe


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