Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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accabler, et qu'au moins elle respecte les bords de votre tombe. O mon père ! il est une autre vie où l'homme vertueux trouve enfin un abri ; si la religion ne le disoit pas, le malheur suffirait pour l'apprendre. Oui, mon père , c'est dans ce dernier monde où tout vient se confondre , où le méchant n'a plus le droit de nous poursuivre , que nous pourrons nous revoir ; c'est là que vos vertus, que mes infortunes me feront trouver grâce devant Dieu. C'est là que nous serons réunis pour vivre ensemble dans l'éternité. Mon père, vous parlerai-je de mes ennemis ?... O h ! non, le ministre d'un Dieu de paix ne doit point en avoir : ma religion m'apprendra à pardonner, et le Ciel est t é moin qu'à Conamama, mes lèvres ne prononcèrent jamais les noms de mes persécuteurs, que pour attirer sur eux la miséricorde divine. Ah ! s'ils sont assez heureux pour que le repentir pénètre dans leurs ames , si alors je ne suis pas là pour les consoler , pour leur dire: « Depuis long-temps je vous ai pardonné, » qu'une main généreuse leur montre ma lettre, et qu'elle allège leurs tourmens ; ah ! que votre bouche aussi prononce leur pardon. Le coupable est toujours plus à plaindre que sa victime ; et l'existence du méchant, que le remords poursuit, est trop affreuse pour que son ennemi même ne devienne pas son consolateur. » Mon père, il vous tarde de connoître le lieu où votre fils respire ! C'est dans un séjour de mort et de vertus qu'il offre, en sacrifice à Dieu, cette vie de douleur et de pénitence. » Vous le savez ; tout entier à mon devoir, j'étois


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