Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

réuni lorsque nous arrivâmes. Notre séjour dans cette île ne fut que d'une semaine, pendant laquelle nous reçûmes du gouverneur et des principaux officiers tous les témoignages d'intérêt et d'estime auxquels on nous avoit habitués depuis que nous avions retrouvé des hommes. Plusieurs de ces officiers avoient fait la guerre contre Pichegru. Ils étoient encore pleins de la haute idée qu'ils avoient conçue de ses talens et de sa loyauté. Ils avoient toujours présent le refus formel qu'il fit alors d'obéir à l'ordre atroce du gouvernement révolutionnaire , qui lui défendoit de faire des prisonniers anglais (1). Le convoi se composoit d'environ deux cents vaisseaux marchands , il devoit être escorté par une frégate et deux corvettes. M. Grenville-Lobb , capitaine de a frégate, commandoit en chef. Ses instructions portoient de nous traiter avec toutes sortes d'égards, et surtout de pourvoir à notre sûreté : il étoit impossible d'être mieux disposé à les exécuter. Il crut d'abord que nous serions mieux, sous tous les rapports, sur un vaisseau marchand que sur ceux de l'escorte, qui courraient toutes les chances de la guerre. Il résolut donc de nous placer sur un bâtiment tout neuf, très-commode , armé de quelques pièces de canon, et regardé comme le meilleur voilier de la flotte. Le capitaine (1) Lorsque le conventionnel porteur de cet ordre barbare, le lui présenta, Pichegru le rendit en disant : qu'un autre vienne prendre le commandement ; pour m o i , je ne Jais pas l a guerre en Vandale.... Le besoin qu'on avoit de ses talent fit cette fois triompher l'humanité.


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