Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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nous y eûmes, à ce dernier titre, une part importante. Les colons, dignes compatriotes de ceux de Surinam , nous témoignèrent la même bienveillance : rien ne fut oublié pour égayer notre captivité , et nous faire attendre patiemment la réponse du général Boyard, qui commandoit en chefles Iles-du-Vent et du Continent, et auquel le gouverneur avoit donné avis de notre arrivée. Nous étions au milieu des fêtes et des plaisirs, lorsque nous vîmes arriver M. le colonel Hislop, commandant des garnisons de Berbices et Démérari : il nous annonça que le général Boyard avoit donné l'ordre de nous faire conduire à la Martinique , et pour nous garantir des corsaires, l'amiral Harvey avoit expédié une frégate elle étoit attendue le 14 à Démérari, où nous devions être rendus nous-mêmes le 12. M. Hislop s'étoit lait connoître en France par un trait qui honore son cœur autant que son courage. Ce colonel étoit, en 1793, à la sanglante reprise de Toulon, en qualité d'aide-de-camp du général O-Hara : au moment d'évacuer le port, on incendia les vaisseaux qu'on ne pouvoit pas emmener : le feu gagnoit le Thémistocle, sur lequel se trouvoient six cents individus qu'on y avoit emprisonnés ; l'intrépide colonel les sauva au péril de sa vie. Il n'avoit pas besoin de ce titre pour mériter notre estime : son affabilité et sa générosité le recommandoient suffisamment. Il ne voulut s'en rapporter qu'à lui pour la sûreté de la traversée : non-seulement il mit une compagnie de fusiliers à bord du vaisseau 28


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