Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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deux jours aux Berbices. Nous y consentîmes d'autant plus volontiers, que M. de Badenbonrg désiroit beaucoup voir M. son frère et nous le faire connoître. Nous ne fûmes point inquiètes le reste de la journée, parce que nous nous tînmes très-près de la côte. Mais les écueils nous forçoient à nous en éloigner la nuit, et c'étoit le matin que les dangers renaissoient. Nous l'éprouvâmes encore le lendemain. Dès que le jour parut, nous reçûmes la chasse d'un vaisseau que nous avions bien aperçu de très-loin la veille , mais qui n'avoit pas paru s'occuper de nous. Heureusement que nous étions presque à la vue de la rivière des Berbices. Les coups de canon se multiplièrent en vain ; nous continuâmes de prendre chasse , et nous nous jetâmes dans la rivière avant qu'il eût pu nous atteindre. Ce fut pour nous le port de délivrance : ce vaisseau qui nous poursuivoit avec tant d'acharnement, étoit évidemment français ; il mouilla hors de la portée du fort Saint-André, et bloqua le passage de manière à nous convaincre qu'il savoit que nous étions de fort bonne prise pour lui. M. de Badenbourg descendit le premier , et se chargea d'être notre interprète auprès de M. son frère. Ce zélé négociateur revint bientôt nous chercher dans la gondole du gouverneur , et nous conduisit à son hôtel. Nous fûmes accueillis de la manière la plus gracieuse : cependant nous n'entendîmes pas sans quelque étonnement le gouverneur nous dire, Soyez tranquilles , Messieurs, vous êtes ici sous la protection du gouvernement anglais, mais j e dois vous demander votre


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