Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

reté du numéraire , le défaut de confiance produit par l'incertitude que la guerre jeloit sur le sort de l ' E t a t , la vileté du prix résultant de ces deux causes , et enfin la nécessité de ménager cette ressource pour liquider le gouvernement à la paix , leur sembloient suffisantes pour motiver cette suspension. Mais ils ne furent pas plus heureux : la crainte de fournir à nos adversaires de nouvelles armes contre nous l'emporta. Que gagnèrent les temporiseurs à ce retard ? Ils perdirent l'occasion de signaler d'une manière éclatante leur amour pour l'ordre et la justice : ils négligèrent celle de rattacher à leur parti une classe importante et nombreuse. E t quel compte les révolutionnaires leur tinrent-ils de pareils sacrifices ? E n furent-ils moins accusés d'avoirfavorisé les émigrés ? Il se privèrent donc en pure perte de la gloire de justifier

complètement

cette honorable inculpation. Dans la situation où nous nous trouvions vis-à-vis de nos adversaires , nous pouvions dire comme le ministre Sotin lors de l'arrestation de M M . de Marbois, Lafond-Ladebat, etc. : Un peu plus de compromission ne doit pas nous arrêter au point ou nous en sommes. Marcher à la destruction des injustices et des abus avec la même rapidité , la même vigueur que les factieux mettoient dans les moyens de les perpétuer , étoit le seul système qui nous convint ; le seul que puisse suivre avec avantage un gouvernement réparateur , devenu assez fort pour arrêter et corriger les abus et les i n justices réparables. Nous aurions communiqué notre énergie à la nation qui sembloit n'attendre que cette


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