Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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» violence, et de leur accorder tous les égards dus à » leur malheur.» Ces égards qu'il avoit si cruellement méconnus dans un temps où nous y avions tant de droits , n'étoient qu'un piège tendu à la bonne foi de M. Frederizi et à notre confiance. Le loyal Gouverneur n'en fut pas plus dupe que nous.I1répondit à l'Agent, qu'il n'avoit point eu connoissance de l'évasion de MM. Barthélemi , etc., mais qu'il étoit arrivé depuis quelques jours à Paramaribo huit marchands et un matelot ; qu'il lui envoyoit leurs signalemens et copie exacte des passeports qu'ils avoient produits ; qu'au reste il pouvoit être assuré de ses ménagemens pour les déportés s'ils arrivoient dans sa colonie. Le capitaine porteur des dépêches de l'Agent avoit répandu la nouvelle de l'arrestation du généreux Tilly, et de l'arrivée de la frégate la Décade, chargée de 193 déportés, prêtres pour ,1a plupart ; nos camarades Gilbert des Molières et Aimé étoient du nombre des infortunés. Ces circonstances nous faisoient vivement désirer de voir ce capitaine pour en obtenir de plus grands éclaircissemens ; mais nous dûmes y résiter ; ce sacrifice nous coûta beaucoup ; car nous étions dans des inquiétudes mortelles sur le sort du brave Tilly ; nous savions ce dont étoit capable la rage de nos tyrans : l'idée de l'y voir exposé nous poursuivoit jusqu'au milieu des festins qui se succédoient perpétuellement. Nos excellens hôtes s'en aperçurent, et mirent tout en œuvre pour dissiper ou calmer nos alarmes. Cependant la vie que nous menions, quelque agréable


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