Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

sur le sable , une mare fangeuse devinrent nos uniques ressources. Ceux de nous auxquels il restoit encore quelque force passèrent la journée à reconnoître la côte, et à chercher quelque issue. Mais des kricks ( 1 ) , des rivières nous fermoient le passage des deux côtes : nos regards et nos espérances se portoient à chaque instant sur la mer ; nos vœux appeloient quelque vaisseau. Mais les vases ne permettoient à aucun d'approcher du rivage : une lieue à marée haute et deux à marée basse étoient les moindres distances : des hommes isolés sur la plage pouvoient-ils se faire reconnoître à cet éloignement ? Ne devions-nous pas être pris pour des sauvages ou des nègres marrons ( 2 ) , peu propres à inspirer de l'intérêt ? Enfui ne pouvions-nous pas être recueillis par les chaloupes de quelque corsaire de la Guadeloupe, dont nous avions tout à craindre? Au milieu des tristes idées dont nous ne pouvions nous défendre , nous apercevons un vaisseau : quoiqu'à une très-grande distance, Barrick croit ou feint de croire qu'il est anglais. Il fait Ions les signaux qui lui sont possibles, mais inutilement. L e vaisseau suit sa route et bientôt disparoît. . L a nuit approche, et ne s'annonce pas moins orageuse que la précédente. A peine nos préparatifs contre les tigres sont-ils terminés, qu'une pluie diluvienne fond sur nos feux : ce n'est qu'avec beaucoup de peine que nous parvenons à les ranimer. Mouillés jusqu'aux (1) Ruisseaux bourbeux et souvent très-profonds. (2) Nègres fugitifs.


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