Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

France que pour se dérober à leurs assassins ; que quiconque pouvoit prouver n'avoir fui que la m o r t , n'étoit point passible des lois contre l'émigration ; et en effet ne parvînmes-nous

pas à consacrer ce principe

pour les réfugiés de Toulon , du Haut et du B a s Rhin ( I ) ? N'étoit-il pas applicable à tous les émigrés de la même catégorie ? E t se seroit - il trouvé à cette époque un seul lieu en France où l'on ne se fût pas fait un devoir de fournir à tout émigré les preuves nécessaires à cette espèce de justification ? Ce moyen prévenoit sans commotion , sans froissement d'intérêt la ruine dont étoit menacée cette noble portion des Français. Cependant il ne fut point adopté ; on trouva que les circonstances

n'étoient pas encore assez

favora-

bles (2) ; quelques membres du Conseil des Anciens

(1) La prise de Toulon par les Anglais, et l'invasion d'une partie de l'Alsace par les Autrichiens, avoient ouvert un champ immense aux persécutions. Les proconsuls qui y furent envoyés après la retraite des ennemis, y moissonnèrent si largement, qu'une grande partie de la population fut obligée de s'expatrier pour se soustraire à leur fureur. On ne manqua pas d'enrichir des noms de ces fugitifs la liste des émigrés , à quelque classe qu'ils appartinssent. C'est contre cette atrocité que M. Pastoret s'éleva le premier, et nous réussîmes à faire révoquer une si haute injustice. (2) Les circonstances !.. Espèce d'axiome ou plutôt de mystification politique inventée depuis nos troubles par la perfidie, et trop souvent invoquée par la foiblesse.En quoi consistera donc l'art de gouverner, si les circonstances en deviennent la règle suprême ? Le fatalisme musulman a-t-il quelque chose de pire ? Qu'est-il arrivé depuis l'adoption de ce commode système ? que les circonstances les plus funestes, contre lesquelles


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