Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

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l'aperçûmes même pas. Ce lut pour nous un grand point de tranquillité. Il ne nous restoit plus qu'à surmonter les dangers de notre navigation , et ils n'augmentèrent point le reste de la journée. Mais nous eûmes beaucoup à souffrir de l'ardeur du soleil dont rien ne nous défendoit. Nous attendions avec impatience la nuit: elle arriva enfin. Le besoin de repos et la crainte de nous égarer encore ou de faire quelque fâcheuse rencontre en gagnant le large, nous déterminèrent à mouiller dans une petite anse où Barrick pensa que nous serions en sûreté ; et en effet nous y passâmes la nuit aussi bien que le permettoit l'altitude gênante à laquelle nous étions constamment forcés. L e lendemain malin nous fûmes pris par un calme p l a t , qui nous retint dans l'anse: nous conçûmes des inquiétudes.

Nous étions évidemment encore sur la

côte française, puisque nous n'avions point passé le Maroni , grand fleuve dont les deux rives forment les limites respectives des Guyanes française et hollandaise. L a distance de notre pirogue au rivage étoit à peine de cinquante pas : on pouvoit nous attaquer avec d'autant plus d'avantage, qu'il nous avoit été impossible de garantir nos armes de l'humidité ; enfin si le calme se prolongeoit quelques jours, nos provisions déjà très-réduites malgré notre extrême réserve , deviendroient insuffisantes.

Vingt-quatre heures se pa>sèrenl dans

celte cruelle agitation ; une légère brise la fit cesser et nous remit en mer. Nous rangeâmes la côte, et ne tardâmes pas à nous apercevoir par le mouvement des eaux , que nous approchions de l'embouchure d'une


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