Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

Page 153

DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

4o3

Le bon capitaine sentant qu'il n'a pas une minute à perdre, nous quitte subitement: à peine une demiheure s'est-elle écoulée qu'il revient, et le succès de sa négociation se lit dans ses yeux.—Tout est arrangé, nous dit-il ; Barrick ( 1 ) , ravi de l'aventure, se rendra cette nuit dans le bois voisin du rivage, ou doit se trouver la pirogue, et il restera caché jusqu'à votre arrivée. Je vous réponds de sa fidélité et de son habileté.

Nos observations sur les risques qu'il court, si l'on s'aperçoit de l'absence de Barrick, sont inutiles; il espère qu'elle sera d'autant moins reconnue, qu'on n'a guère remarqué le nombre de ses gens. D'ailleurs quelle importance attacheroit-on à un simple matelot? Enfin il s'éloigne en nous disant : Adieu, adieu, mes bons amis ! je vous quitte pour ne point éveiller les soupçons; soyez aussi heureux que vous le méritez; mes vœux vous suivront partout. Puissions-nous nous revoir dans des temps meilleurs !

Quelle soirée ! Quelle nuit ! Avec quelles délices nos pensées se portoient déjà vers l'Europe, vers notre patrie ! Tous les dangers, toutes les fatigues qui nous attendoient, disparurent devant l'idée enchanteresse de revoir nos parens , nos amis ; jamais moment n'eut plus de charmes pour moi. Nous fûmes levés de bonne heure ; pas assez tôt cependant pour revoir notre très-digne capitaine. Nous apprîmes que l'équipage étoit parti, et on ne parla pas d'absens. La plus grande partie de la journée (1) C'étoit le nom du contre-maître dont M. Tilly nous avoit parlé.

26*


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.