Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

vont être enmagasinés , peut - être même ouverts de suite, à cause de la pénurie des subsistances. Les papiers seront découverts, et l'on s'en fera un titre non-seulement pour légitimer la confiscation , mais même pour sévir contre Tilly , qui ne nous dissimule pas ses alarmes. — Eh bien ! brave capitaine , lui dit Pichegru, ce que vous aviez tenté pour nous d'une manière si noble, nous le pouvons pour vous;

demain nousfuyons cette terre d'iniquité et de misère :

tous nos moyens sont prêts. Ils consistent en une pirogu indienne, qui nous attendra à huit heures du soir. Vous

êtes l'ange tutélaire envoyé pour la conduire : nous ne pouvons partir sous de plus heureux auspices; peut-être nous sera-t-il permis un jour de réparer vos pertes ?.... Tilly hésite.... Il refuse.... Et quel est son motif? la crainte de nous faire découvrir. Le commandant du poste, ajoute-il, exige que nous pariions demain matin:

on nous envoie par terre et sous escorte. Je ne sauroi

disparoîtresans donner lieu a de sévères recherches ; si

l'on surprenoit votre secret,je nem'en consoleroisjamais. Cependant, Messieurs, vous ne partirez pas seuls. Des

personnages comme vous ne s'aventurentpas a ce point.

Je connois la côte; vous ne ferez pas deux lieues sans

vous briser contre quelque rocher : heureux si même ave un bon guide, votre esquif ne subit pas ce malheur ! Le maître de mon équipage est un second moi-même; il a

beaucoup fréquenté ces parages, et je le crois très-disposé

a éluder le voyage de Cayenne : au surplus je vaism as1

surer de ses intentions, et il ne saura votre secret que quandje le verrai bien décidé à s'évader.


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