Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

Page 15

DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

265

justice pour arrêter cette mesure machiavélique ; que le produit de ces biens, loin de tourner au profit de l'Etat, devenoit un instrument de tyrannie et de corruption de plus dans les mains des gouvernans ; que les impositions n'en éprouvoient aucune diminution ; que les charges de l'Etat ne s'acquittoient pas plus exactement ; qu'une banqueroute désastreuse ne se préparoit pas moins dans l'ombre ( I ) ; que le produit de ces ventes ne servoit qu'à alimenter le feu dévorant de la guerre , et à satisfaire la cupidité des vampires ; que la restitution fortifieroit notre parti de tous ceux qui en profiteroient, et préviendroit l'accroissement de celui de nos adversaires ; que cet avantage , une fois obtenu, nous conduiroit nécessairement à rouvrir à ces estimables Français , les portes de la patrie qui leur tendoit les bras , et au sein de laquelle ils pouvoient alors lui être plus utiles qu'au dehors; que l'intérêt n'animant plus contre eux les révolutionnaires , ces derniers se montreroient moins difficiles sur leur rappel. E n vain ajoutèrent-ils que notre silence au contraire sanctionneroit en quelque sorte la confiscation , et inspireront de la confiance à l'avidité ; que la Constitution elle-même ne désavouoit point ce retour à la justice , puisqu'elle n'avoit pas pu comprendre sous la dénomination d'émigrés , les hommes qui n'étoient sortis de ( I ) Le Directoire faisoit déjà pressentir les commissions de finance dont j'étois membre , sur une réduction de la dette publique, et la résistance qu'il rencontra dans la plupart, fortifia encore ses dispositions hostiles contre nous; aussi la réduction, suivit-elle de près notre déportation.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.