Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

Page 140

390

HISTOIRE

ques soupçons : heureusement qu'il etoit fort lié avec nous , et venoit fréquemment dans la case de Pichegru prendre part à la partie de piquet qui terminoit ordinairement nos soirées. Il nous parla de pirogue: nous devinâmes la confidence de l'Indien,et nous lui avouâmes que nous en désirions une pour pêcher ou faire quelques promenades chez les Indiens , et que nous nous étions adressés au capitaine de la bourgade voisine pour nous la procurer. Il nous offrit la sienne , en nous faisant pressentir qu'elle pou voit nous être plus utile que pour l'usage auquel nous la destinions. Nous nous crûmes obligés de l'accepter ; mais uous ne parûmes attacher aucune importance à l'idée qu'il avoit émise. Le fâcheux de cet incident fut d'être forcés de renoncer à la demande que nous avions faite à l'Indien. Notre officieux Maire passoît pour dévoué à l'Agent, et nous l'avions jugé au moins fort indiscret. Notre confiance en lui étoit bornée, et la manière dont il exécutoit sa promesse n'étoit guère propre à l'augmenter: tous les trois jours la pirogue devoit être prête, et au bout de trois semaines nous nous apercûmes qu'elle étoit encore dans le même état que le premier jour. Cependant il nous entretenoit souvent de la possibilité de nous en servir pour nous évader, et prétendoit même repasser avec nous en Europe. Celte conduite nous fit soupçonner quelque intelligence avec les agens directoriaux pour nous bercer de ce faux espoir, nous détourner de tout autre tentative , et nous traîner ainsi jusqu'aux chaleurs, dont


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.