Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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leur orgie. Nous avions eu la précaution d'emporter des hamacs : nous les attachâmes à des pieux distribués dans le carbet, et nous aurions reposé assez tranquillement sans la visite d'un très-gros serpent à sonnette. Le général W i l l o t , placé à l'entrée du carbet, se trouva le premier sur son passage; heureusement qu'il ne dormoit pas, et que le clair de lune lui permit de voir le monstre, qui dressoit sa tête pour atteindre le hamac. Le général Willot s'élança à terre en jetant un cri qui nous réveilla; nous sautâmes sur nos fusils, et le serpent tomba mort. Le bruit de nos armes fut e n tendu de quelques Indiennes qui accoururent, et furent rassurées dès qu'elles virent l'ennemi dont nous avions triomphé. Le peu d'importance qu'elles parurent y attacher, nousfitcroire que ces sortes de visites étoient fréquentes dans la bourgade. L e lendemain matin Pichegru s'empara du capitaine., qui d'abord lui témoigna quelque éloignement. Vous, méchant, lui dit-il, vous boire le sang de votre capitaine. Pichegru, fort étonné de l'apostrophe , vit qu'il nous confondoit avec Collot et Billaut, qu'on lui avoit peints comme les assassins du Roi, et des buveurs de sang. Il essaya de lui faire entendre que nous étions au contraire persécutés comme amis de notre capitaine; l'Indien parut le comprendre, et un verre de tafia acheva la conviction ; il promit de travailler de suite à la pirogue que nous demandions , et nous la fit e s pérer sous un mois. Le terme étoit long; mais nous pouvions encore fuir avant les grandes chaleurs si meur25*


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