Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX HUIT FRUCTIDOR.

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huile particulière , excepté Rovère et Bourdon qui se réunirent dans la même. Nous fûmes encore mis à la ration de matelot, et un nègre étoit chargé de notre frugale cuisine. Ce dangereux Comus avoit été tiré en notre faveur de la maison de correction. Heureusement qu'il étoit sévèrement surveillé par nos deux mulâtresses , qui ne prenoient rien de sa main qu'il n'en eût goûté le premier. Ce que nous fournissoit le gouvernement, souvent n'étoit pas mangeable, et toujours fort au-dessous de nos besoins ( I ) . Noire industrie y suppléa : à force de sollicitations, nous obtîumes à nos frais des fusils de munition , de la poudre et du plomb. Les généraux Pichegru , .Willot et moi , nous nous établîmes les pourvoyeurs de noire colonie , et nous ne lui fû mes pas inutiles. Nous eûmes aussi recours aux Indiens qui nous fournirent souvent de fort bons poissons. Nous aurions pu mange, tous ensemble , et c'étoit le vœu principalement des pourvoyeurs ; mais plusieurs s'y refusèrent. Il se forma donc des associations déter minées par les analogies d'âge , de caractère , de goût et d'occupations. M. de Marbois se.mit en pension chez l'habitant: qui partageois sa case avec lui , M. de Murinais prit le même part : MM. Bartlélemi , T r o n çon du Coudrai,. Lafond et Letellier se réunirent; M M . Bourdon et Rovère s s'isolèrent de tous; M M .

. (I) L'arrêté duDirectoireportoit que le prix de tout ce qu'on nous fourniroit seroit prélevé sur nos revenus, lors de la levée du séquestre.


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