Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

rendent grâces au zèle infatigable de ces modèles de bonté et de désintéressement. L'intimation officielle de nous préparer à partir incessamment pour Sinamary , nous lut faite le 18 novembre par le commissaire de marine , très-peiné d'une pareille mission. Huit jours n'avoient pu, malgré les prodiges de bienveillance des hospitalières , suffire .au rétablissement de nos santés. Plusieurs étaient encore alités ; M. de Murinais spécialement, demandoit pour toute faveur de rester encore une quinzaine à l'hô-

pital : F aites-vous rendre compte de l'état ou je suis , écrivit-il à l'Agent ; votre ordre est pour moi un arrêt

de mort... El il le fut en effet !. Il fallut donc se résigner: le 22 novembre nous quittâmes l'hôpital sans même avoir aperçu la ville de Cayenne , quoique fixée pour le lieu de notre déportation. Nous partîmes du même point où nous avions débarqué onze jours auparavant. Quelle différence dans les sentimens que nous éprouvions I Toutes les illusions avoient lui : les angoisses du désespoir leur succédèrent. Malgré la précaution de nous faire partir de grand malin , et pour ainsi dire clandestinement , beaucoup d'habitans se trouvèrent sur le rivage dans l'intention de nous renouveler l'assurance de leur dévouement el de leurs efforts pour NOUS soulager dans le désert où l'on nous traînoit. Si la présence du commandant enchaîna leur langue , les signes , les larmes, y suppléèrent , et ce moment fut on des plus déchirans pour nos cœurs. On nous embarqua sur la goëlette la Victoire, com-


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