Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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formé contre les blancs une conspiration qui tendoit à leur faire subir le sort des infortunés colons de SaintDomingue. Il paroît que les conjurés avoient des complices dans le bataillon noir ( 1 ) . Soutenus par les autres nègres de Cayenne et des environs, ils devoient s'emparer du fort, et trois coups de canon auroient été le signal du massacre de tous (es blancs dans les habitations. La conspiration conduite avec le plus grand secret, étoit sur le point d'éclater, lorsqu'un corsaire portant le nom de Pichegru, se présenta dans la rade. Il assura son pavillon de trois coups de canon, que quelques conjurés des habitations prirent pour le signal convenu: ils se précipitèrent sur les blancs,dont plusieurs furent immolés. Mais l'alarme se répandit partout; elle pénétra bientôt à Cayenne, où les conspirateurs ne se trouvoient pas en mesure. Le complot fut découvert, les chefs arrêtés, et la colonie miraculeusement sauvée. On ne se rappeloit pas sans attendrissement que le nom de Pichegru s'associoit à ce prodige,et son malheur excitoit dans toutes les ames un très-pénible sentiment. La superstition, si puissante sur les nègres , y mêloit aussi quelques rêveries. Enfin le Directoire n'avoit pas omis de nous peindre comme dévoués aux Anglais, et les Anglais déjà maîtres de la plupart des colouies hollandaises de la Guyane, (1) La force militaire de la colonie se composoit d'un bataillon du régiment d'Alsace, que les maladies avoient réduit au quart, et d'un bataillon de huit cents nègres.


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