Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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L'Agent fut obligé de l'appeler pour recevoir les instructions dont il étoit porteur, et qu'il ne voulut confier à aucun intermédiaire. La goëlette qui nous avoit pris à son bord , étoit commandée par un capitaine marchand nommé Despeyroux. L'intérêt qu'il nous témoigna étoit uu heureux pronostic ; nous crûmes déjà réalisée une partie de nos chimères. La goëlette mouilla à une portée de canon du rivage ; des chaloupes vinrent nous prendre et nous débarquâmes sur une plage parsemée de r o chers et battue de brisans qui eu rendoient l'accès assez difficile. Une foule considérable bordoit le r i vage et offroit un tableau bien neuf pour nous. Des hommes, des femmes de tout âge , de toute couleur , la plupart presqu'entièrement nuds , portoient sur nous des regards encore plus touchans que curieux toutes les souffrances que nous avions éprouvées sembloient empreintes sur nos fronts ; nous ne les levions qu'avec une sorte de timidité. C'est ainsi que nous traversâmes deux haies de soldats nègres chargés de contenir les témoignages d'intérêt et de bienveillance que nous prodiguoit pour ainsi dire à l'envi cette multitude... Bons et généreux habitans de Cayenne, ce moment ne sauroit s'effacer de nos cœurs ! Que de maux il suspendit ! Que d'espérances il fit naître ! :

Nous nous rendîmes au gouvernement, assez éloigné du point où nous débarquâmes ; nous y fûmes reçus par les autorités : le premier abord fut rassurant. Quelques larmes échappèrent à l'Agent qui nous dit d'un air affectueux. « Vous avez beaucoup souffert,


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