Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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nous dit : « Messieurs , je suis poursuivi par un bâti» ment qui paroît beaucoup plus fort que le mien ; je » suis décidé à me bien défendre ; mais enfin il est » possible que je me voie obligé de céder à la force : » je pense que vous n'avez point à vous plaindre de » ma conduite envers vous , et je suis prêt à vous re» mettre , si vous le désirez, tous les objets dont je » suis dépositaire. » — Nous vous remercions, Monsieur , répondîmes nous ; il est inutile de les déplacer.— Dans ce cas, je vous invite à rentrer dans l'entrepont, où vous courrez moins de risques. Nous suivons ce conseil ou plutôt cet ordre , et après un quart d'heure de perplexité , nous apprenons que le vaisseau si redouté est un bâtiment marchand portugais. Le capitaine change de rôle : après avoir pris chasse il la donne vivement. L a Vaillante , trèsbonne marcheuse, a bientôt atteint le pesant lusitanien. Il venoit du Brésil, et étoit chargé de denrées coloniales. On l'amarine, et on transporte sur la Vaillante tout ce qui est à la convenance de l'équipage. Le reste, qui auroit surchargé la corvette est, à notre grand scandale , jeté à la mer. Le pauvre capitaine portugais désespéré de sa mauvaise rencontre, passa un jour sur notre bord : mais le lendemain il obtint par des arrangemens particuliers, la restitution de son vaisseau, et la liberté de reprendre sa route. On nous fit part des fruits qu'on lui avoit pris : quoique bien précieux dans la pénurie que nous éprouvions , nous ne les acceptâmes pas sans répugnance. Quel droit barbare en effet que celui de piller , de rui-


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