Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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du dix-huit fructidor.

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» mes camarades ne le partagent.— Ou leur en donnera » aussi ; mais seulement trois lois par semaine comme » à l'équipage , attendu que j'ai peu de farine. » C'étoit la vérité, et encore une partie se trouva-t-elle avariée. Les vents constamment contraires nous retinrent long-temps dans le golfe de Gascogne. Le 5 octobre nous n'étions encore qu'à la hauteur des côtes d'Espagne : nous les longions de si près , que des pécheurs espagnols abordèrent notre vaisseau. Leur barque était pleine de poissons de plusieurs espèces , et surtout de sardines. Nous obtînmes , ainsi que l'équipage qui ne les convoitoit pas moins que nous , la permission d'en acheter. Elles furent pour nous une véritable manne céleste ! Nous les mangeâmes avec délices pour ne pas dire avec avidité (1). Le 6 nous nous trouvâmes presque devant Bilbao. La proximité de celle ville , donna à M. de Marhois l'idée d'y prendre des vivres frais : il fit prier le capitaine d'y envoyer un canot chercher quelques provisions. Mais le bâtiment dépassa Bilbao pendant la nuit. Nous renouvelâmes notre demande pour Saint-Andaro; (1) Le journal de Ramel attribue à plusieurs de n o u s , et spécialement à Pichegru, des accès de rage. Il faut porter bien loin celle d'insulter au courage et à la vettu pour avancer des faits que deux cents témoins peuvent démentir. Nul de nous s'a prouvé de foiblesse, n'a avili son caractère; mais a u c u n n e s'est montré plus supérieur à notre infortune que le g é n é ral Pichegru, et M. de Marbois, dont la dignité et l'imperturbable tranquillité ont plus d'une fois excité notre admiration


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