DU D I X - H U I T FRUCTIDOR.
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p h e , et se plut à marcher jusques chez lui au milieu de celle multitude, C'étoit peu pour le Tiers d'avoir dédaigné de prendre en considération les déclarations du Roi ; q u e l ques membres demandèrent qu'on en punît les a u teurs. M. de Mirabeau s'écria qu'il auroit dénoncé de suite son cher cousin le garde-des-sceaux,
s'il n'avoit la
certitude extrêmement fondée qu'il donneroit sa démission. Pendant que le Tiers multiplioit les actes de sa révolte , les deux autres
Ordres , fidèles au R o i ,
s'étoient retirés dans leurs chambres pour y d é libérer, sur l'invitation qu'avoit faite Sa Majesté, de procéder en commun à la vérification des pouvoirs. Au moment où la Noblesse pesoit les funestes conséquences de cette réunion, elle reçut du Roi une lettre particulière, par laquelle Sa Majesté l'engageoit à se réunir, sans délai, avec les deux autres Ordres , pour hâter l'accomplissement de ses intentions
paternelles.
Celle lettre avoit été suggérée par M. Necker, qui remplissoit l'esprit de ce prince de terreurs chimériques. Aussitôt la Noblesse cessa de délibérer ; elle se s o u mit sans discussion , sans débats , sans murmure , au sacrifice douloureux que lui prescrivoit un intérêt aussi cher que celui de la sûreté du R o i . Son arrêté porte que cette invitation Noblesse
n'a permis à l'Ordre de la
que d'écouter les sentimens el les craintes de
son cœur pour la personne du Roi; et l'Ordre sans délibérer plus long-temps, aux désirs de Sa Majesté
entier,
s'est déterminé à céder
en se rendant à la
salle