Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE La veille de ce jour désastreux, il s'étoit passé

dans la chambre du clergé un événement non moins remarquable. Un grand nombre de curés de province étoient, comme on l'a déjà dit, impatiens de se réunir au Tiers. A force d'opiniâtreté , ils enlevèrent la vérification cependant des

des pouvoirs

en commun,

sous la réserve

des droits honorifiques et de la

distinction

Ordres ; restriction illusoire à laquelle les trans-

fuges du clergé eux-mêmes étoient bien déterminés à n'avoir aucun égard. Ils n'aspiroient qu'au moment de leur réunion avec le Tiers ; mais comment l'opérer dans un ignoble jeu de paume ? La gravité de leur caractère et l'importance de la démarche exigeoient un théâtre plus imposant. Comme si toutes les circonstances se fussent réunies pour favoriser les projets des factieux, la séance du Roi, indiquée au 22, fut remise, on ne sait par quelle fatilité, au 2 3 . Le Roi en informa M. Bailli par une lettre de sa main, dont la suscription étoit a M. Bailli,présidentdu Tiers-Etat. impolilique dans un moment où il Ce délai, si impolitique falloit user de la plus grande célérité, fut mis à profit par les ennemis du trône. Le Tiers indiqua son assemblée dans l'église de Saint Louis ; ce changement de lieu avoit été évidemment concerté avec les déserteurs du clergé, qui n'hésitèrent plus à s'y réunir. on Le 2 3 juin , le Roi se rendit à l'assemblée avec un cortège nombreux et tout l'appareil de la royauté. A cortége peine étoit-il sur son trône, que les membres du Tiers ^empressèrent s'empressèrent de s'asseoir et de se couvrir. Le garde<îes-sceaux , M. de Barentin, indigné de l'affront fait des-sceaux


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