Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

il combattit la proposition de M. de Lally, et eut le malheur de réussir à l'écarter. La réponse qu'il fut autorisé à adresser au Tiers, étoit foible, embarrassée , inconséquente ; elle n'offroit de clair qu'une offeuse au Souverain dont on rejetoit les propositions, et une tache à la loyauté du second Ordre du royaume, qui donnoit aux autres l'exemple de la désobéissance ; elle consomma le triomphe du Tiers et la perte de la n o blesse. L'appel, dont avoient été menacés les deux premiers Ordres , retardé d'abord par diverses circonstances , commença le 15 juin et continua le 16. Ce ne fut qu'à la lin de celte dernière séance, que trois curés du bailliage de Poitiers se présentèrent, et déposèrent leurs pouvoirs sur le bureau. L'enthousiasme qu'on affecta dut séduire leurs confrères , déjà fort ébranlés par la promesse d'un traitement plus considérable ; chaque séance étoit marquée par la conquête de quelques-uns de ces prosélytes. Enfin , le comte de Mirabeau se crut en assez bonne position pour loucher la grande question de la délibération par tête, vers laquelle s'étoient dirigées toutes les manœuvres antérieures du Tiers ( I ) .

( I ) Pendant le virulent discours de Mirabeau, on aperçut un étranger assis au rang des Députés. Cet audacieux étoit un nommé D. R., ancien procureur-général de G e n è v e , qu'il avoit rempli de troubles et de désordres. Il en avoit été chassé lors du retablissement de la paix par la médiation année des Cours de Versailles et de T u r i n . Nourri dans le tumulte des fartions , il venoit prêcher la rébellion en France. Il est, dit un d é p u t é , un étranger proscrit de son pays, réfugié en Angleterre,


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