Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

contre le haut clergé. Le comte de Mirabeau n'avoit pas manqué de tirer parti de dispositions si favorables à ses projets. Cependant un reste de pudeur arrêtoit encore les curés, déjà décidés à se réunir au Tiers : celui-ci crut que c'étoit le moment de frapper le dernier coup ; il déclara que la noblesse , persistant dans son refus, la mission des députés du Tiers étoit terminée et leurs pouvoirs expirés. Celle déclaration, qui paralysoit t o u t ,

exposoit

l'Ordre de la noblesse à un double danger : d'un côté elle provoquoit contre lui la fureur du peuple, de l'autre elle faisoit peser sur lui une effrayante responsabilité. La noblesse crut échapper à ces deux écueils, en arrêtant que la vérification des pouvoirs se feroit séparément pour cette tenue des Etats-Généraux , mais qu'on se concerteroit ensuite sur la forme à observer pour l'avenir. Le Tiers étoit trop assuré de son triomphe , pour consentir à aucune transaction : il persista donc. Ce fut alors que le ministère, témoin passif depuis vingt jours de ces débats, se décida enfin à y intervenir. Le Roi adressa aux trois Ordres une lettre, par laquelle il les invitoit à nommer des commissaires chargés d'exposer leurs moyens en présence du garde-des-sceaux , des ministres et de quelques membres du C o n s e i l , afin que sur le rapport qui lui seroit fait des difficultés élevées contre e u x , il pût contribuer à les aplanir et opérer leur conciliation. Mais quel fut l'étonnement des amis de la monarchie, quand ils lurent cette


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