Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

qu'un vent orageux venoit de souffler sur noire pauvre pairie une nuée de législateurs destinés à en bouleverser les lois et à en expulser la raison. Qu'attendre d'une assemblée sortie du sein de parei les intrigues? Des malheurs inouis commencèrent pour la France an moment même de l'imposante cérémonie de l'ouverture des Etats-Géuéraux. Pendant que le R o i donnoit un témoignage si solennel de son affection pour ses sujets ( I ) , Paris étoit le théâtre d'une scène d'horreur, présage trop certain de celles qui dévoient succéder. D e s ouvriers que Réveillon , fabricant de papier au faubourg S a i n t - A n t o i n e , avoit sauvés de la misère pendant un long hiver, pilloient sa maison, et mettoient les passans a contribution aux cris de vive Necker,

vive le Tiers-Etat!

On augmenta

cette exaltation par des fautes sans doute légères en elles-mêmes, mais graves dans les circonstances. Les Ordres furent présentés au Roi avec une distinction au moins déplacée alors; le clergé et la noblesse furent admis dans le cabinet du R o i ; le tiers-étal dans la chambre appelée de Louis X I V . C'étoit blesser l'amour-propre pour satisfaire à une étiquette bien friv o l e , au milieu des grands intérêts dont on étoit occupé. Enfin, le 5 mai, s'ouvrit celle assemblée réclamée

(i) Les députés du tiers-état de Bretagne en reçurent une preuve bien touchante: introduits auprès du Roi, ils se mirent à ses genoux : « Levez-vous, leur dit ce Prince, cen'estpoint » à mes pieds qu'est la place de mes enfans. »


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