Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

de le voir diriger la grande affaire de la convocation des Etats-Généraux, affaire qui étoit essentiellement du ressort des chefs de la magistrature et de l'administration civile. Comment allier un acte de despotisme personnel si révoltant avec les maximes républicaines que prêchoit déjà l'astucieux Genevois ? Armé de sa captieuse éloquence, enveloppé de cette obscurité de style par laquelle il savoit si bien masquer le fond des choses , il se présenta le 27 décembre 1788 au Conseil d'Etat du Roi, comme le champion du T i e r s ; et quelles autorités invoqua ce prodige de lumières, d'intégrité et de vertu ? Une foible minorité gentilshommes

des Notables,

l'opinion de plusieurs

, un bruit sourd de l'Europe

qui sacri-

fioit confusément toutes les idées d'équité générale

et

par dessus tout, lesnombreuses adresses(I)! Pour donner quelque vigueur à d'aussi foibles moyens, il prodigua outre mesure ces termes emphatiques, ces lieux communs pathétiques qui lui étoient si familiers. Quand la raison manquoit à M. Necker, il appelait à son secours le sentiment ; désespèrant de persuader, il cherchoil à émouvoir. C'est par suite de ce charlatanisme qu'il termina son discours par ces paroles

(1) D'après tout ce qui s'est passé pendant les trente années qui nous sépareat de cette époque, on seroit tenté de croire que la recette de l'orviétan révolutionnaire que débite ici M. Necker, a été trouvée dans les papiers de ce ministre par les perturbateurs de toute espèce qui ont pris la suite des bouleversemens politiques dont la postérité laissera peser sur lui la funeste initiative.


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