Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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lettres, ses manéges clandestins auprès des créateurs

vif ; jamais on ne s'est récrié avec plus d'animosité contre lesanti-neckristes : prônes , prêches , crédit, autorité des gens en place, empire des jolies femmes, domination du clergé,, aimant vénal des auteurs folliculaires, ton décisif des gens du bel air, ascendant des gens d'esprit, clabaudage des sots , tout s'est réuni, tout a été employé avec le plus grand succès, et le mémoire qui d'abord nous avoit si cruellement intrigués, est devenu pour son auteur le principe d'un surhaussement de gloire vraiment incroyable : il y en a malheureusement fort peu d'exemplaires, on se les arrache; on lit pour s'extasier, on s'extasie même avant d'avoir l u ; on ne permet ni objection sur ce que l'on entend, ni question sur ce que l'on n'entend pas; tout est bien, tout est sublime, tout est ravissant; les coopérateurs de l'administration vilipendés, les Cours de justice outragées, les premiers Ordre de l'Etat argués de se laisser facilement corrompre, des principes qui,, sous différens points de v u e , conduisent soit au despotisme, soit à l'anarchie ; tout cela n'est rien; tout cela échappe aux yeux que l'administrateur fascine : ce qu'on abhorrait dans M. de Manpeou , on l'adore dans M. Necker , et le seul mot qui puisse se faire entendre aujourd'hui dans beaucoup de sociétés, c'est que « son ouvrage est divin, et qu'ilfaudrait mettre » au pilory, pendre, écarteler, ceux qui ont voulu lui en faire » un crime. » C'est, je l'avoue, une véritable frénésie et le délire le plus complet. Le Compte Rendu est lui-même oublié comme s'il n'en avoit jamais été question; tant mieux sans doute; aussi ai-je eu le soin de dire que ce n'étoit qu'un chiffon auprès de l'incomparable mémoire qui, très-heureusement, a fait perdre de vue ces maudits calculs, dont sans lui nous nous serions mal tirés». C'étoit surtout à la Cour qu'il étoit important de faire prédominer nos louanges sur le blâme que cet ouvrage, vu froidement, auroit pu y recevoir : M. Necker avoit déjà éprouvé-


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