Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

vrage sur l ' a d m i n i s t r a t i o n d e s f i n a n c e s , s o n style

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et c'est le pins grand nombre qu'il me faut. J'en ai fait distribuer plus de dix mille exemplaires; il est répandu avec profusion dans tout le royaume : que peuvent là-contre des pamphlets qu'on lâche furtivement, et à qui il est physiquement impossible de donner une pareille explosion. Si j'y répon— dois, on y répliqueroit, et ce seroit encore pis. Il est des choses qu'on ne doit pas trop approfondir; pour peu qu'il reste d'obscurité, chacun croit ce qu'il veut croire, et le m i e u x , c'est de n'en plus parler. Je compris fort bien ce langage, et je me tus; mais voyant le nombre des incrédules s'accroître de jour en jour , j'ai mis dans mon recueil des singularités qu'il étoit bien extraordinaire qu'un homme d'esprit se fût acculé au point de ne pouvoir répondre sans se compromettre , ni se taire sans paroître avouer. Telle étoit la position de M. Necker, et je crois qu'au fond de l'âme il n'en étoit pas absolument satisfait, lorsque, pour s'en tirer, ou peut-être pour se plonger dans un état pire, sa bonne ou sa mauvaise étoile a fait tomber des nues, et malheureusement entre les griffes parlementaires , un mémoire qu'il avoit remis au Roi en 1778, concernant les administrations provinciales , dans lequel les intendans de province sont ridiculisés, les parlemens attaqués au vif, les pays d'états menacés, le clergé même et la noblesse assez mal traités. L'inattendue révélation de ce mémoire vous parut d'abord , mon cher d'Alembert, un coup de foudre pour son auteur. Je me souviendrai toujours de l'état où je vous vis, lorsque nous lûmes ensemble la copie qu'on m'en avoit confiée, et que nous en pesâmes toutes les phrases pour en calculer l'effet. Mettre en pièces les intendans et leurs administrations , à la bonne h e u r e , me disiez-vous; cela ne vaut rien politiquement, et c'est tirer sur ses propres troupes ; mais n'importe, cela plaira. Vous ne vîtes pas avec la même tranquillité la seconde partie de l'ouvrage, où les parlemens sont inculpés d'ignorance,


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