Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE Cependant le Roi, toujours ferme quand les sacri-

fices ne portoient que sur lui personnellement, exécutoit fidèlement ces réformes qu'il avoit annoncées; mais elles étoient d'un foible secours pour l'état dont les besoins devenoient chaque jour plus grands et plus pressans. M . de Brienne recourut à un emprunt. L'enregistrement du Parlement devenoit encore nécessaire. S. M. voulant éviter un nouveau choc, et faire un acte de popularité agréable à la nation, alla elle-même en présenter l'édit au Parlement, et le soumit à la pluralité des suffrages. La discussion lut plus qu'orageuse; on refusa l'enregistrement, et quelques membres, ayant osé s'écarter du respect dû au Souverain, le forcèrent à des mesures de rigueur contre eux. Ainsi cette séance mémorable qui devoit rapprocher le Roi de ses sujets , qui devoit tout concilier, tout calm e r , enflamma tout et fournit aux factieux les premiers brandons de discorde ; des remontrances plus séditieuses les unes que les autres arrivèrent de toutes parts; enfin le Parlement déclara, publia, imprima que la monarchie étoit dégénérée en despotisme. Le R o i répondit avec énergie à ces représentations insultantes; mais le Parlement n'y apporta aucune modi-

qu'on la croyoit forte, et dans la seule intention de la contenir, mais non de la détruire. Misérable sophisme, qui supposeroit chez les hommes les plus éclairés du royaume , tels q u ' é toient la plupart des chefs du parti parlementaire, une i g n o rance de politique locale que ne partageoient certainement pas , à cette é p o q u e , les classes les moins éclairées de la nation !


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