Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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HISTOIRE

frappé d'anathème , étoit voué à l'échafaud ou à la proscription. Quelqu'absurde que fût ce raisonnement, il produisit l'effet désiré : il ramena sous les étendards sanglans des factieux ceux mêmes qui en avoient horreur , et cette minorité menaçante devint une affreuse majorité. La France cependant prit une attitude imposante ; toutes les assemblées électorales repoussèrent avec indignation des décrets qui perpétuoient nos maux : les sections de Paris surtout déployèrent la plus grande énergie. M a i s tout avoit été prévu par les conspirateurs. D e s

troupes ramassées dans les pays subjugués , et étrangères à la F r a n c e , avoient été réunies à Paris. Exaspérées par mille calomnies, gorgées d'argent et de vin, elles se précipitèrent sur des citoyens sans armes , fusillèrent , mitraillèrent plusieurs bataillons de la garde nationale, q u i , sans projet et dès-lors sans moyens de combattre , ne purent opposer à tant de perfidie qu'une bravoure passive. Les murs de Saint-Roch déposent

complet à ces exagérations du c r i m e , toujours intéressé à grossir le nombre de ses complices. Sous le R o i , tous les conventionnels avoient conservé, en 1814» leurs titres pompeux , leurs richesses immenses, et en jouissoient paisiblement. On n'avoit éloigné des hautes places que ceux qui ne pouvoient pas les conserver sans blesser tous les principes, toutes les convenances , et qui les auroient perdues sous Buonaparte luim ê m e , le jour où la paix lui auroit permis de sentir et de faire tout ce qu'exigeoit la dignité de Souverain. Un Empereur et Roi ne seroit pas resté entouré de régicides, et on peut douter qu'il leur eût laissé l'utile de ces places par des retraites que leur fortune rendoit au moins superflues.


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