Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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D U DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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ménager, ils en devinrent les affreux bourreaux; tout ce que la rage et la férocité peuvent suggérer de plus barbare , fut épuisé par ces monstres sur ses braves habitans ; plus de six mille périrent par des supplices inouis ; les plus beaux édifices furent détruits ; ils ravirent à cette belle cité jusqu'à son nom auquel ils substituèrent, comme par dérision, celui de Commune

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franchie. Au moment où Lyon v e n o i t , par la punition légale de Chaslier, d'indiquer

aux autres villes le moyen

d'arrêter les forfaits proconsulaires . Charlotte Corday ( I ) apprit aux citoyens celui de se délivrer des scélérats qui les commandoient : l'exécrable Marat ( 2 ) tomba sous son poignard.

( I ) On a généralement supposé que Charlotte Corday, en poignardant Marat, n'avoit cédé qu'au désir de venger la mort de M. de Boisjugant, immolé sur l'échafaud, et qu'elle aimoit,diton , avec tendresse. Nous pouvons assurer, d'après les renseignemens les plus certains, que l'amour n'entra pour rien dans sa détermination. Un plus haut motif aima sa main. Douée d'une aine élevée et d'un esprit ardent, mademoiselle Charlotte Corday joignoit à une douceur angélique de caractère, toute l'énergie de l'enthousiasme ; elle s'étoit passionnée dans ses lectures pour les vertus politiques des Anciens, et portoit jusqu'à la plus haute exaltation l'amour de son pays Elle crut l'affranchir en frappant l'homme que la France désignoit alors comme l'un des premiers chefs et le promoteur le plus sanguinaire de la tyrannie des jacobins. (2) Aucun folliculaire n'avoit prêché avec plus d'audace les principes anti-sociaux , que Marat dans son Ami du Peuple ; aucun révolutionnaire n'avoit été plus atroce, puisqu'il avoit


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