Histoire du Dix-huit fructidor : Première partie

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millions : il falloit un remède aussi prompt qu'efficace pour sauver la France en rétablissant l'équilibre entre la recette et la dépense. M. de Calonne crut avoir trouvé ce remède dans une répartition plus égale et plus étendue des impôts : jusque-là ils n'avoient pas pesé sur les terres du clergé et de la noblesse ; en les y assujettissant, il augmentoit.les revenus de l'Etat sans charger le peuple. Ce moyen étoit aussi simple que juste; mais il heurtoit trop d'intérêts pour ne pas rencontrer les plus grands obstacles. Le Parlement, qui avoit troublé la minorité de Louis X I V , étoit rentré dans le devoir au moment où.ce prince prit les rênes du gouvernement. Pendant ce règne, le plus long de la monarchie, le plus mémoFable par de brillans succès , par de cruels revers, on n e l'entendit point élever la voix. Renfermé dans l'exercice de la haute magistrature, il administroit la justice an nom du R o i , et ne pensoit qu'à respecter et faire respecter l'autorité tutélaire du Souverain. L'ambition du Régent rendit au Parlement un pouvoir dont ce corps conservoit à peine le souvenir. Il cita l'ombre de Louis X I V à ce tribunal, et le Parlement cassa les dernières dispositions d'un prince qui l'avoit fait trembler pendant sa vie. Enhardi par cet étrange succès, il répandit l'amertume sur la vie de Louis X V ; il provoqua plusieurs fois la sévérité d'un prince naturellement porté à la clémence : exilé, rappelé, p u n i , mais non- corrigé, il continua de marcher tantôt ouvertement-, tantôt dans l'ombre, vers l'indépendance. Enfin-


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